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S'investir pour la dermatologie, s'investir pour la SFD, témoignage de Daniel PLANTIER

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Témoignage

Il se lève très tôt, va courir 45 mn à jeun autour du Parc, revient prendre le petit déjeuner avec sa femme, réveille les enfants, et sera bientôt dans le TGV pour une heure qui suffit tout juste à relire les planifications du jour. Il dirige une grosse entreprise à rayonnement européen. Nous nous voyons tous les ans, un samedi matin. Il sait qu’il aura son rendez-vous à 8h30, et prend la peine de m’appeler en personne.

J’ai plaisir à le voir. C’est une personnalité créative et courageuse, avec un parcours original, vite remarqué de ses pairs. Ce n’est pas pour moi un poids de sacrifier le seul matin où je pourrais arriver plus tard au cabinet. C’est bien son courage et son opiniâtreté qui me semblent exemplaires.

Sa carrière n’est pas le sujet de mon témoignage mais il me parlait dernièrement de la quête de sens de son action. Car les profits de sa société sont là, les projets nouveaux abondent dans le monde et malgré la CoViD. Il est de plus sollicité par les « chasseurs de tête ». Et pourtant, il y a un petit vide.

Il sait mon intérêt pour la musique depuis que je l’ai opéré sur un fond de Rachmaninov. À la pose du pansement, il regrettait presque que cela s’arrête. Il m’a dit que son rêve (il n’allait pas évoquer le cliché de Starmania De Michel BERGER « j’aurais voulu être un artiste ») aurait été de faire partie d’un orchestre. De par sa nature, on pourrait effectivement l’imaginer vite à la place du chef.

« Ce qui me fascine surtout c’est l’application de chaque instrumentiste à arriver à la perfection de l’ensemble. Pas seulement la capacité d’écoute, mais la conscience de savoir où est l’équilibre parfait pour servir une œuvre ».

J’ai lu l’an dernier le fameux livre coécrit par le moine Matthieu RICARD, le psychiatre Christophe ANDRÉ et le philosophe Alexandre JOLLIEN, où se discerne qu’il ne s’agit pas de chercher le sens de la vie mais plutôt d’y mettre dès que possible du sens. Cette dimension supérieure peut se trouver dans plusieurs registres. Le manque actuel de mon patient me semble relever de l’Esthétique.

La philanthropie d’entreprise est une réponse à ce manque de sens que rencontrent toutes les grandes réussites économiques et financières. Il ne s’y est jamais beaucoup intéressé, il y a un adjoint pour cela.

Certains n’y voient qu’un calcul visant à valoriser l’entreprise au CAC40 par l’amélioration de son image. Ce d’autant que l’Etat accorde des ristournes fiscales rendant l’effort moins douloureux. Mais il y a un authentique fond vertueux : faire profiter autour de soi de la prospérité qu’on a acquise. Donner un héritage, ou la mémoire du geste altruiste. Considéré par les employés, les clients, les actionnaires, ou le public, le mécénat d’entreprise est méritoire et source de reconnaissance.

« Il vous manque la bienveillance, l’oubli des calculs, n’est-ce pas ? Votre rôle peut s’enrichir d’une dimension morale. Je n’y ai aucun intérêt personnel, mais je milite un peu pour cet altruisme. En dermatologie ! Il n’y a pas que la recherche pour le cancer ou les maladies génétiques. Je plaide pour ma spécialité, qui est sans cesse plus scientifique. »

Nous autres libéraux, ne savons pas que la Dermatologie peut en bénéficier :
on a le fonds de dotation de la SFD.

Cette « cagnotte » alimente les bourses de recherche des masters 2, doctorants et post-doc. La recherche c’est observer (écouter), trouver les règles (déchiffrer une partition), expérimenter (apprendre à maîtriser l’instrument), en fin de compte découvrir les pistes de l’harmonie.

Faire le trait d’union entre son adjoint et les responsables du fonds de dotation sera ma modeste contribution. Nous nous quittons bientôt. Ce n’aura peut-être été qu’une conversation. Ou pas…

Ce n’est pas le rôle du dermatologue à son cabinet de prospecter ou démarcher auprès de ses patients dirigeants d’entreprise, mais évoquer dans une consultation qu’on s’implique pour la recherche en dermatologie a du sens pour notre communauté. Proposer un bref coup de fil des responsables du fonds de dotation, s’il y a une « accroche » (Dr Véronique CHAUSSADE, Pr Nicolas DUPIN) témoignera du sérieux de cette démarche.

Daniel PLANTIER

Dr Daniel PLANTIER

Dermatologue à Roubaix
Membre du CA de la SFD

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